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En route vers la liberté

By samedi 16 février 2008mars 30th, 2015fr

En route vers la liberté

Réflexion sur l’attachement

Je suis un bateau tout-puissant et illimité. Je m’appelle AMOUR. Ma soif de liberté se fait sentir et m’incite à prendre le large pour voguer vers l’infini. «Larguez les amarres !» criai-je. Mais rien ne bouge. Malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à quitter le port. Que se passe-t-il ? Je découvre alors que des centaines de cordages me retiennent au quai. Et moi qui me croyais libre !

Ces attaches portent des noms : famille, parents, enfants, nom, armoiries, chevalière, ancêtres, patrimoine, bijoux, tableaux, photos, traditions, culture, rôles, métier, diplômes, profession, réputation, titres, ambitions, rêves, désirs, pays, patrie, royauté, religion, spiritualité, ordre, parti, organisation, amis, animaux, croyances, valeurs, pensées, idées, science, lois, armée, droits, privilèges, acquis, terrain, maison, lieu, biens, revenus, économies, salaire, apparence physique, vêtements, beauté, jeunesse, santé… c’est sans fin. Suis-je condamné attaché au quai, à mourir d’ennui, sans jamais réaliser mon rêve ?

Pourtant, ce sont des personnes et des choses que j’aime, qui me retiennent. Elles ne devraient pas entraver ma liberté, bien au contraire. En y regardant de plus près, je prends conscience que chacune de ces attaches comble un besoin animal chez moi, et me procure du plaisir. Prenons par exemple l’amour pour mes enfants. Ce ne sont pas eux que j’aime, mais bien la satisfaction du besoin d’ouvrir mon cœur – le bonheur de mon corps émotionnel – qu’ils me procurent. Et c’est la peur de perdre ce contentement qui m’empêche d’avancer. La vérité, c’est que je suis prisonnier de mes besoins ainsi que des personnes et des choses qui les assouvissent.

Devant pareil constat, je prends la décision de défaire les nœuds des cordages un par un. Tant que j’étais retenu de partout, je ne risquais rien. J’étais en sécurité et ne craignais pas la tempête. Mais dès que je dénoue quelques liens, je deviens la proie des intempéries et je suis ballotté dans tous les sens. J’ai peur de cette aventure. Je pourrais tout rattacher et retrouver mon confort d’autrefois. Mais il me faudrait renoncer à la liberté et accepter de pourrir sur place. «Non, ça n’est pas possible !» hurle mon âme. Je me sens hors contrôle, sans repère, fragile, laissé à moi-même.

Plus je défais de cordes, plus l’expérience est pénible et terrifiante. J’ai souvent envie de tout arrêter, mais je ne peux revenir en arrière. Je veux connaître la liberté, c’est ma raison d’être. Alors, je continue mon processus avec détermination et courage. Et voilà enfin que je tombe sur le gros cordage, l’énorme attache qui s’appelle Plutôt mourir que… Je suis face au mur de mort. Qui va mourir, la mort ou moi ? Si je largue cette amarre, je meurs à la peur. Si je ne la largue pas, je meurs de peur. Quel dilemme ! Que faire ?

Enfin, je me souviens de qui je suis et ce que je suis venue faire sur terre. Je prends conscience que nous sommes sept milliards de bateaux AMOUR qui nous sommes incarnés pour faire le grand bond de conscience vers l’espèce nouvelle. Certains sont attachés en Asie, en Amérique du sud, en Afrique… et se font arracher leurs amarres très violemment, sans savoir pourquoi. D’autres sont enfermés dans des camps de réfugiés, des prisons, sans possibilité de prendre le large. D’autres encore expérimentent la guerre, l’injustice, la torture, le viol… sans pouvoir dire ou faire quoi que ce soit. Tous ces bateaux se sont incarnés pour me faire voir l’enfer-sur-terre que je crée à mon image et ma ressemblance, et contribuer à mon réveil de conscience, à moi, qui ai encore le choix. Je les en remercie et je prends la décision de jouer ma partition, moi aussi. Je fais le deuil de mon vieux monde. Je laisse aller mes liens et prends le large. L’AMOUR pourra enfin voguer vers l’infini… en toute liberté !

M’accompagnes-tu ?